La trahison des images (2)
On a remis une couche :)
Vous vous rappelez mon premier essai rapide (raté) ?
Cette fois c'est la magnifique Vehera qui m'a aidéæ à vous montrer la Trahison des Images.
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Ça m'effraie toujours un peu de constater à quel point les gen-tes semblent facilement dupé-es par les images.
Je suis photographe, mais aussi modèle, et parfois retoucheusæ, donc, je connais les trucs. Je les connais bien. Peut-être que mon oeil exercé a trop l'habitude de voir la réalité derrière les images, et je n'y fais même plus vraiment attention ?
Mais à voir les insécurités et les complexes croissants (principalement pour les femmes cis & trans ), bombardées par les médias, la mode , les magazines, les films, la pub ; je ne peux pas m'empêcher de questionner mon propre travail et l'impact des images que je produis moi-même.
Depuis quelques années, j'essaye progressivement de shooter et publier des photos plus sincères à mes yeux, plus naturelles , plus proches de ce que je vois et ce que je veux montrer. J'en connais que ça va faire sourire, car je travaille surtout en lumière naturelle, et je suis connuæ pour avoir déjà la main très légère sur les retouches. Mais même s'il vrai que je photoshoppe peu, voire pas du tout, il se pose encore la question de l' «honnêteté» d'une image. Evidemment, on photographie avec des lumières flatteuses (d'une certaine manière, pour moi, c'est là tout le sujet) . Evidemment, on pose, on tourne un corps de telle ou telle manière , et on essaie de capter les meilleurs angles pour que les traits d'un visage soient les plus plaisants, ou frappants, pour saisir l'expression que l'on recherche.... Lorsque c'est ce que l'on veut montrer. Parfois, ce n'est même plus un acte conscient, c'est plus un réflexe. Une habitude. Mais je suppose que l'on shoote de la même façon un paysage ou une nature morte : la composition, la lumière, l'équilibre, c'est ce qui compte . C'est toujours une sorte de paysage . Je ne suis pas un photo-reporter , je ne cherche pas à décrire des drames, des événements, de la politique . Je ne fait pas de photos factuelles ou hyper-réalistes ; je shoote la beauté d'un moment, ou une création. Je crois. J'aime à penser que mes travaux photo sont des poèmes visuels. Ce qui m'attire, ce sont les émotions, et la beauté oui, et les émotions que cette beauté va transmettre - que ce soit un visage sublime ou une architecture parfaite, ou un rayon de soleil ou un motif - et là encore la beauté est un concept très fluide et différent pour chacun de nous. Quoiqu'il en soit, créer des images attrayantes, c'est mon boulot, et mon intention.
Donc, je ne vais pas culpabiliser parce que je mets en valeur de beaux sujets, ou parce que je prends des photos flatteuses. Mais quand il s'agit de personnes, il ya un autre problème : nous nous sommes tellement habitué-es aux lourdes retouches que nous ne réalisons même plus que ce sont des images, des fenêtres teintées sur la réalité, pas la réalité.
J'ai vu ma dose de textures, de couleurs et de profondeur peau, les reliefs, les cernes, les ecchymoses, la cellulite, les vergetures, les poils incarnés, les cicatrices.... Moi aussi j'ai souvent galeré avec ma perception de ma propre « mauvaise peau ". Je me souviens avoir répété, tant de fois, à tant de modèles préoccupées par " un petit bouton sur les fesses " ou par leur soit-disant « mauvaise peau aujourd'hui " que tout le monde a des pores et de l'acné, personne n'a une peau parfaite - ce sont ces imperfections qui font de nous des êtres humains. Et que c'est très bien ainsi, et ne ça ne vous rend pas moins belles-beaux ou moins intéressant-es.
Mais je suppose que dans cette mer d'images perfectionnées, il faut de temps à autre un petit rappel.
Ces photos sont une sorte d'échelle. La première image n'est aucunement éditée, lumière pourrie, brute, directement sortie de l'appareil photo.
Sur la seconde, j'ai juste effectué les corrections de lumière et de couleur habituelles.
Sur la troisième photo, Vehera a simplement appliqué du fond de teint, à peine de mascara, les sourcils.
La dernière montre un maquillage plus complet et de légères retouches photoshops.
Comparez par vous-même.
J'insiste sur le fait que c'est un exemple des effets d'édition et de retouches minimes. Voyez déjà la différence, et imaginez jusqu'où ça pourrait aller.